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Quelle santé pour le prochain quinquennat ?

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A l’approche du deuxième tour de l’élection présidentielle, La Médecine Libre vous livre son analyse détaillée des programmes Santé des deux candidats encore en lice : Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Pour ce faire, nous nous attarderons sur 7 grands points :  

Le Tiers Payant Généralisé. Les réseaux de soin. Les contrats responsables. La Prévention. L’accès aux soins. Les déserts médicaux. L’organisation de soins

Nous rappelons qu’ici, aucun avis politique n’est exprimé. Nous avons simplement pour volonté d’exposer les programmes et expliciter si oui ou non les propositions des candidats répondent à nos attentes en matière de santé. Ce qui ne semble toujours pas être le cas puisque ces dites propositions n'ont pas beaucoup évolué durant la période de l'entre-deux tours.

Le Tiers Payant : généralisable ou à supprimer ?

Emmanuel Macron veut mettre en place un comité d’évaluation pour mesurer l’efficacité de ce dispositif. Dans tous les cas, le candidat penche plutôt pour un tiers payant généralisable et non généralisé, laissant aux professionnels de santé la liberté de l’appliquer ou non. Quant à Marine Le Pen, elle veut tout simplement abroger le TPG, donc a priori, interdire le Tiers Payant pour les médecins notamment. Notre vision sur le TPG est la suivante : bien que certains professionnels de santé ne soient pas contre son application, nous pensons qu’il reste dangereux pour les patients et les soignants de faire intervenir un tiers dans leur relation. Nous pensons en revanche qu’une des solutions viables est la carte avance santé qui facilite réellement l’accès aux soins, mais sans les inconvénients du TPG.

Les réseaux de soin : l’un veut les ouvrir, l’autre les interdire

Les réseaux de soin sont un sujet clivant entre les deux candidats. D’un côté, Emanuel Macron s’est dit favorable aux réseaux ouverts, mais contre les réseaux fermés. Il veut donc conserver les réseaux de soin si et seulement si tous les soignants qui répondent à leurs cahiers des charges ont la possibilité de les intégrer. Marine Le Pen, quant à elle, s’est prononcée contre. Elle souhaite dans un même temps supprimer les réseaux de soin et abroger la loi Leroux. Cependant, au sujet du remboursement à 100% de certains actes médicaux, la candidate du Front National souhaite poser des conditions : « S’il s’agit de rembourser à 100% les verres et la monture, sans critère ni limite, cela n’a pas plus de sens ». Ces limites imposées pourraient ressembler aux cahiers des charges des réseaux de soin. Réseaux de soin que Marine Le Pen veut supprimer (étant donné qu’ils ont déjà été validé par le conseil constitutionnel, cela semble difficile à faire). Au final, cette mise en place de limites étatiques ne serait-elle pas synonyme de la mise en place d’un réseau de soin d’Etat imposant son cahier des charges à tous les professionnels de santé ?  

La fin des contrats responsables ?

Sur ce point, les deux candidats se rejoignent partiellement. En effet, Emmanuel Macron a pour objectif la création de trois types de contrats de complémentaire santé (couverture basse, moyenne et haute) qui seront imposés aux assureurs et mutuelles pour faciliter la comparaison entre elles. On peut donc penser que ces contrats prendront la place des contrats responsables et mettront fin à ce dispositif nuisant aux remboursements des soins. Marine Le Pen de son côté veut complètement supprimer les plafonds de remboursement des mutuelles.  

La Prévention, tous en parlent, mais qui la finance ?

Une nouvelle fois, les deux candidats se retrouvent sur le sujet de la prévention. Tous deux veulent mettre en place des campagnes de Prévention médicale éducatives au sein des établissements scolaires. Emmanuel Macron va plus loin en prônant la mise en place d’un service sanitaire de 3 mois, obligatoire pour les étudiants en médecine. Cependant, ceux qui font encore le mieux de la Prévention sont les professionnels de santé. Or, ils restent très en marge dans les discours actuels. Alors qu'ils sont pourtant les plus proches des patients et pas seulement des plus jeunes. Il est regrettable qu’aucun des candidats ne propose de mesure qui permette de financer de la prévention tout au long de la vie.  

De meilleurs remboursements pour un meilleur accès aux soins ? Très bien. Mais qui rembourse ?

Concernant l’accès aux soins, Emmanuel Macron veut un remboursement à 100% pour l'optique adulte, le dentaire, les audioprothèses et investir fortement dans la télémédecine. On peut se demander comment il va financer ces remboursements. En effet, il n’a pas précisé qui allait rembourser la totalité de ces frais médicaux. Est-ce la Sécurité sociale ? Ou bien les OCAM ? Doit-on donc s’attendre à une augmentation des cotisations ? Marine Le Pen quant à elle reste assez floue sur le sujet. Elle dit vouloir arrêter le désengagement progressif de la Sécurité sociale dans le remboursement des soins, mais ne donne ni chiffre, ni exemple concret. De plus, elle compte supprimer l’Aide Médicale d’Etat (AME). Mais arrêter le désengagement progressif de la Sécurité sociale n’implique pas un réengagement de celle-ci..  

Des internes de médecine et des maisons de soin au secours des déserts médicaux

Pour les deux candidats, l’une des solutions pour résoudre les déserts médicaux est l’ouverture du numerus clausus des universités de médecine. Cependant, former un médecin prend au bas mot 10 ans. Ouvrir les numerus clausus maintenant n’aura donc d’effet que dans 10 ans. De plus, le problème du nombre de médecins installés est directement lié à l’attractivité des territoires ainsi que de la médecine libérale. Si personne ne veut aller s’installer dans les déserts médicaux, former plus de médecins et de professionnels de santé ne servira pas à grand-chose.

Les autres solutions proposées semblent elles-aussi un peu faibles. Emmanuel Macron veut augmenter le nombre de maisons de santé, mais le problème reste le même : si personne ne veut venir s’y installer, alors elles resteront vides et inutiles. Marine Le Pen, quant à elle, souhaite mettre en place un stage d’internat obligatoire pour les étudiants en médecine dans les zones concernées. Ici aussi, on voit que le problème n’est que survolé. Ouvrir les internes à d’autres milieux médicaux que l’hôpital est en soit une bonne initiative qui va permettre aux jeunes étudiants de découvrir, entre autre, les cabinets libéraux. Mais cela ne s’attaque toujours pas au problème de fond des déserts médicaux : l’attractivité des territoires ! Une nouvelle fois, peu importe le nombre d’étudiants qui iront faire leurs stages au sein de structures se trouvant dans les déserts médicaux, s’ils ne veulent pas venir s’y installer, ils ne s’y installeront pas. Il ne faut pas oublier que les déserts médicaux ne sont pas le seul fait d’une population de soignants qui ne se renouvelle pas. C’est aussi à cause du désengagement de l’Etat dans ces zones avec la suppression de bureaux de poste, d’écoles, d’hôpitaux etc. La résorption des déserts médicaux ne pourra donc se faire si et seulement si ces territoires redeviennent attractifs.  

Organisation des soins : les problèmes de l’hôpital semblent ne pas être une priorité

Enfin, concernant l’organisation des soins, Emmanuel Macron souhaite accélérer le déploiement des groupements hospitaliers de territoire quand Marine Le Pen cherche à maintenir les infrastructures déjà existantes et augmenter les effectifs hospitaliers. De plus, le candidat d’En Marche! veut diversifier les modes de financement des établissements de santé et investir 5 milliards d'euros. Marine Le Pen souhaite aussi réorganiser et clarifier le rôle et les obligations des agences de sécurité sanitaire et alimentaire tout en assurant leur indépendance. Une nouvelle fois, le problème de l’organisation des soins et notamment des hôpitaux n’est qu’effleuré. Étonnamment, on remarque une vision très hospitalo-centrée, alors que le véritable défi est de réussir à faire communiquer TOUS les professionnels de santé ensemble. Avec la loi santé, les cliniques privées ont perdu la possibilité de faire des urgences. Or, l'Etat ferme de plus en plus d'hôpitaux de proximité pour regrouper le tout dans de superstructures censées gérer l'offre hospitalière. Cependant, les professionnels de santé de proximité se retrouve souvent esseulés et loin de toute infrastructure de prise en charge lourde. Ce que nous attendons est une collaboration entre hôpitaux, cliniques privées et professionnels de santé libéraux pour créer un maillage territorial. Ce que le programme de Marine Le Pen omet complètement par rapport à celui d'Emmanuel Macron.    

Comme nous le redoutions, les propositions en Santé des deux candidats ne répondent que partiellement à nos attentes. Elles ont peu évolué depuis le premier tour, et c’est bien cela qui nous chagrine. De notre point de vue, l’objectif d’un système de santé est de délivrer des soins de qualité accessibles à tous. Il y a en France des gens qui ont du mal à se faire soigner. Mais il est aussi de plus en plus compliqué de se faire BIEN soigner !

Le système de santé français a besoin d’une grande réforme de fond et l’on voit bien que ce bouleversement que nous attendons avec impatience n’est pas encore sur le point de se produire. Le programme de Marine Le Pen ressemble est fait de beaucoup de petits ajustements, sans véritable vision pour une nouvelle santé en France. Envoyer des étudiants faire des stages ne résoudra jamais le problème des déserts médicaux … Emmanuel Macron quant à lui va plus dans le fond des choses notamment avec une volonté de recréer du maillage territorial. Cependant nous continuons de penser que le TPG et les réseaux de soin, choses pour lesquelles il est favorable, restent des dangers pour les soignants et leur indépendance. De plus, il reste peu claire sur le mix des remboursements entre Sécurité sociale et OCAM, ce qui à terme pourrait poser le problème d’une augmentation drastique de cotisations.

Loin d’être la faute des professionnels de santé qui se démènent, cette situation ne fait que s’aggraver et, que ce soit chez Marine Le Pen ou Emmanuel Macron, on peut observer de grandes tendances apparaître comme la généralisation des mutuelles ou la standardisation des contrats ; des tendances dangereuses pour les patients comme les soignants (pour plus d’information, voir cet article => cliquez ici).    


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