Pourquoi les médecins sont-ils en grève ? (et pourquoi cela nous concerne tous)

Le coupe est pleine ! Le collectif n’a pourtant pas l’habitude de faire grève, mais la colère des médecins de ville est telle aujourd’hui qu’ils fermeront les portes de leur cabinet les 1er et 2 décembre. Rares, les grèves des généralistes sont souvent mal perçues par la population, surtout quand elles s’inscrivent dans une campagne de dénigrement menée habilement par le lobbying des assureurs qui va de pair avec les autorités de tutelle. Et pourtant, les revendications des médecins libéraux sont loin d’être illégitimes, elles sont même indispensables à la survie d’un système de soins de qualité. On vous explique pourquoi.
Un collectif sous pression
Cette grève ne naît pas de rien. Les médecins libéraux sont en pleine négociation avec l’Assurance-maladie sur la prochaine Convention médicale, le contrat qui les liera, pour les cinq prochaines années. Tarifs, régulation, aide… Tout est passé au crible, donc l’enjeu est de taille ! Les négos, qui ont commencé début novembre, se poursuivront jusqu’au printemps prochain.
C’est donc l’opportunité, pour les libéraux, d’exprimer leurs revendications, et le ras-le-bol était tellement grand qu’un mouvement asyndical et apolitique est né pour peser dans les discussions, le collectif Médecins pour demain. Créé fin août, il rassemble aujourd’hui plus de 15 000 membres sur Facebook, et il est à l’origine de l’appel à la grève de demain (qui risque d’être très suivi), qui a ensuite été soutenu par l’ensemble des syndicats du secteur. Une voix à l'unisson pas entendue depuis 2015….
Et comme par hasard, c’est le moment choisi par certaines entités (L'UFC-Que Choisir pour n’en citer qu’une) pour mener une campagne de dénigration à l'égard des libéraux. “Médecins trops chers”, “faire un effort”... Faut-il vraiment croire ce discours, sachant que derrière il y a des groupes qui ont tout intérêt à réduire au silence les revendications des médecins ?
Les assureurs ou encore le gouvernement n’ont clairement pas envie de mettre la main au porte-monnaie, et pourtant cette vue à court terme risque d’avoir des conséquences désastreuses. Car ne pas donner les moyens aux médecins libéraux d’exercer dignement, c’est mettre en péril un système de santé pourtant qualifié de “meilleur au monde” par l’OMS en 2000.
Que demandent les médecins de ville ?
Une revalorisation nécessaire
Déjà un peu de considération ne serait pas de trop. Après trois années de covid, de dévouement et de sacrifice, le collectif s’attendait à un tout autre comportement à son égard. Elles sont loin les paroles du président Macron qui, en pleine pandémie, déclarait : “Nous savons ce que nous vous devons et nous mettrons les moyens nécessaires pour vous aider”. Si plusieurs milliards d’euros ont été déversés sur l’hôpital avec le Ségur de la santé, les libéraux quant à eux ont été les grands oubliés de l’affaire.
C’est pourquoi aujourd’hui, les généralistes demandent une revalorisation de leur salaire, par une augmentation de la consultation à 50 euros. Pourquoi autant ? Rappelons que la moyenne européenne tourne autour de 46 € et que les infirmières en pratique avancée ont obtenu une consultation à 50 € pour le suivi des ALD. En plus, le prix de la consultation n’a pas changé depuis 7 ans, alors que l’inflation quant à elle n’a pas hésité à s’enflammer (+6% en 2023 seulement).
Et comme l’exprime très bien le Dr Noëlle Cariclet, porte-parole de "Médecins pour demain", “l’idée n’est pas d'enrichir les médecins, mais d’enrichir l’offre". Revaloriser la consultation, c’est permettre au médecin d’embaucher une secrétaire ou un assistant médical et de le décharger des tâches administratives, qui représentent 20% du temps passé en consultation. Or libérer du temps médical peut être vu comme un atout pour lutter contre la difficulté d’accès aux soins, mais surtout c’est permettre aux médecins de ne plus faire de l’abattage. C’est leur donner la possibilité de prendre leur temps et donc d’offrir à leurs patients une consultation de qualité (et à eux le sentiment d’un travail bien fait).
Par ailleurs, il faut renforcer l’attractivité de la médecine générale, car aujourd’hui les jeunes médecins existent, mais ils ne s’installent plus. Ils choisissent d’autres spécialités plus lucratives ou d’autres structures, ou partent à l’étranger. Et c’est pas comme ça qu’on va régler le problème des déserts médicaux ni la saturation des hôpitaux, s’il n’y a plus de médecins sur le territoire.
Le refus de la coercition
C’est pourquoi à la demande d’une revalorisation s’ajoute une autre revendication : une opposition à toutes les mesures coercitives prévues par le gouvernement ou promues par certains députés. Restriction à l’installation, proposition de conventionnement sélectif, reprise des gardes obligatoires… Toutes ces mesures n’ont jamais montré leur efficacité pour lutter contre les déserts médicaux, mais au contraire ont grandement contribué à la perte d’attractivité de la médecine générale.
Ces actions, en plus d'être complètement contre-productives, sont aussi tout à fait injustes. Pourquoi les médecins devraient-ils payer les pots cassés d'une mauvaise gestion de la santé par les politiques depuis plusieurs décennies ? Qui a mis en place, en 1971, le numerus clausus qui a drastiquement réduit le nombre de médecins sur le territoire, et ce durant de nombreuses années ? Les politiques sont à l'origine des déserts médicaux d'aujourd'hui, et ils veulent maintenant faire endosser aux médecins cette responsabilité ? Pas question.
Notre mutuelle, La Médecine Libre, soutient la grève
Nous sommes peut-être l’une des seules mutuelles à soutenir le mouvement. Fondée par des médecins, notre mutuelle a toujours placé la qualité des soins au cœur de son programme. Rien selon nous ne doit entraver la relation entre soignant et soigné, et surtout pas des intérêts financiers ni des contraintes administratives.
Découvrez ici quelques-unes des solutions mises en place par LML pour garantir un système de soins de qualité !