Avec le 100% santé, vos lunettes risquent d'être moins bien remboursées

À l’origine, la réforme du 100% santé s’appelle le Reste à charge Zéro (RAC 0). Les assurés ne payent rien, tout est intégralement pris en charge par la Sécurité Sociale et leur complémentaire santé : Merveilleux … en théorie ! Bien moins le cas en pratique : LML vous alerte sur les mauvaises pratiques des mutuelles !
QU'EST-CE QUE LE 100% SANTÉ EN OPTIQUE ?
Nous allons tenter d’y voir plus clair. L’offre est composée de deux « paniers » : le panier A qui est 100% remboursé et le panier B dont le remboursement dépend du contrat passé avec votre mutuelle.
Le panier A impose à chaque opticien de présenter dans son magasin un minimum de 34 montures de lunettes de vue pour adultes et de 20 montures pour enfants ainsi qu’une offre de verres correcteurs avec traitement anti-reflet, dont le coût (allant jusqu’à 30 euros pour les montures) va être pris en charge par la Sécurité sociale et la mutuelle, donc aucun reste à charge pour vous. En clair : une proposition de lunettes couvrant tous les besoins, mais avec un choix réduit et un niveau de qualité limité.
Puis, il y a le panier B qui inclut tout le reste. Vous êtes libres de choisir n’importe quelle monture ou type de verres, mais … la Sécurité sociale s’est complètement désengagée et ne rembourse plus rien (moins de 10 centimes !). Le remboursement dépend donc de votre mutuelle, et c’est là que le danger guette.
POSITIF EN APPARENCE
La justification avancée par les pouvoirs publics pour la mise en place du 100% santé est que parmi les 20% de Français aux revenus les plus bas, près d’1 sur 5 d’entre eux renonce à s’équiper en optique pour des raisons financières. Le 100% santé devait donc permettre à tous les français de s’équiper sans reste à charge pour éviter tout renoncement aux soins pour raison financière.
Or cette tranche de revenus s’apparente aux français qui disposaient jusqu’à maintenant de la CMU ou de l’Aide à l’Acquisition d’une Complémentaire Santé. Ces deux dispositifs ont fusionné en 2019 et donnent droit aux bénéficiaires à des équipements sans reste-à-charge. Autrement dit, ceux qui auraient dû bénéficier de la réforme du 100% santé, avaient déjà une solution sans la réforme.
Pourquoi la mener quand même ? Probablement car c’était LA (seule ?) mesure « sociale » mise en avant par le gouvernement, et qu’elle permettait également à la Sécurité sociale de terminer de se désengager sur une grande partie de l’offre optique, plus qualitative, en se défaussant sur les complémentaires santé privées.
Cette nouvelle loi imposée aux opticiens par le gouvernement va donc bénéficier à tous les Français, et d’abord à ceux les plus en difficulté.
Attendez, vous avez dit « tous les Français » ?
LA MAUVAISE SURPRISE
Pour faire accepter la réforme aux complémentaires santé, l’Etat a imposé une nouvelle baisse des remboursements hors 100% santé. Ainsi, les montures dont le remboursement maximal était plafonné à 150€ auparavant, sont remboursées au maximum à hauteur de 100€ depuis le 1er janvier 2020, induisant de fait une baisse de remboursement pour beaucoup d’adhérents.
Mais beaucoup de complémentaires ne s’en sont pas tenu là. Arguant du remboursement intégral des dépenses sur le panier A, elles ont réduit significativement les remboursements du panier B (panier libre). Regardez bien vos nouveaux tableaux de garanties de mutuelles, vous serez parfois surpris d’avoir été augmenté cette année encore alors que vos remboursements ont en réalité baissé.
Ceux qui souhaitent donc accéder à des soins de qualité et à du choix d’équipement, auront forcément un reste à charge plus important qu’à l’accoutumée. Pourquoi ? Finalement pour pas grand-chose, puisque les principaux bénéficiaires de la réforme avaient déjà une solution d’équipement sans reste à charge par ailleurs…
DE L’UTILITÉ RELATIVE DES RÉSEAUX DE SOIN ET CELLE BIEN RÉELLE D'UNE MUTUELLE VERTUEUSE
Dorénavant toutes les personnes couvertes par un contrat d’assurance santé (responsable et solidaire) bénéficient contractuellement d’une couverture sans reste-à-charge. C’est précisément ce que les réseaux étaient censés donner : permettre à tous de s’équiper (et limiter les coûts de remboursement optiques pour leurs clients/propriétaires - les complémentaires santé). Or les dépenses optiques continuent d’augmenter et les pouvoirs publics ont décidé de chercher de nouvelles solutions pour économiser l’argent de la Sécurité sociale… en se passant des réseaux !
Au-delà du fait que nous considérons que les patients doivent garder leur liberté de choix pour garantir l’excellence du système (on consulte les soignants jouissant de la meilleure renommée, encourageant ainsi la qualité), on ne peut qu’objectivement s’interroger sur la pertinence de cotiser, dans sa mutuelle, pour bénéficier d’un service (le réseau de soin), qui nous aliène, nous coûte de l’argent, pour obtenir un « gain » que l’on a de base dans n’importe quelle mutuelle dorénavant.
Cela nous conforte doublement dans notre approche d’une complémentaire santé libre de tout réseau, garantissant à ses adhérents la liberté de choix des praticiens, et aux soignants, le respect de leur indépendance professionnelle.
Inutile de préciser que LML à conserver les mêmes remboursements sur le panier B qu’auparavant. Et lorsque nous ne remboursons que le panier A, chez nous, on appelle cela une offre Zéro optique. Pour que personne ne s’y trompe !