Élection présidentielle. Tour d’horizon des programmes santé ! (1er volet)

Défaillance du système hospitalier, déserts médicaux, manque d’effectifs… Si les candidats à la présidentielle s’accordent sur les priorités en matière de santé, ils diffèrent grandement au niveau de leurs propositions pour faire face aux carences mises en évidence par la pandémie.
D’ailleurs, la crise sanitaire semble avoir bouleversé le panorama traditionnel pré-électoral. Petit tour de piste des points-clés des programmes santé de quatre d’entre eux (par ordre alphabétique) dans ce premier volet. Et rendez-vous la semaine prochaine pour la suite !
Candidats à la présidentielle, vers de nouveaux objectifs
Parmi les changements observés au niveau de cette campagne, on peut noter la place importante accordée à l’hôpital public dans les débats contrairement à la médecine de ville passée au second plan. De même, les médecins libéraux semblent avoir perdu de leur aura face à certains acteurs mis davantage sur le devant de la scène, comme les pharmaciens ou les infirmiers, avec des mesures visant leurs effectifs et les transferts de compétences.
Pour les médecins, il est surtout question des restrictions (ou pas) de leur liberté d’installation. La révision du tarif de la consultation, thématique pourtant habituelle en période pré-électorale, est quant à elle peu évoquée… Mais voyons de plus près les grandes lignes du possible système de santé de demain !
Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière)
Avec un programme basé sur la défense de l’hôpital public et la gratuité des soins pour tous, Nathalie Arthaud s’est aussi démarquée par sa volonté de mettre fin au secret industriel des grands laboratoires pharmaceutiques "qui ont pu fixer librement les prix des vaccins contre le Covid sans qu’il soit possible de connaître leur coût de production".
Un accès aux soins pour tous
- Réouverture des établissements de santé de proximité.
- Une installation des médecins et pharmaciens contrôlée selon les besoins avec une aide à l’installation si nécessaire.
Renforcer l’hôpital
- Plan d’embauche massif dans les hôpitaux.
- Augmentation des salaires.
- Renforcer la présence de personnel paramédical
- Supprimer la tarification à l’activité
Gratuité des soins
Rémunération des médecins indexée sur l’inflation
Embaucher dans les EHPAD
Levée du secret industriel des labos
Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France)
Avec plus d’une trentaine de mesures sur la santé, le candidat du parti "Debout la France !" a lui aussi focalisé son discours sur la lutte contre les déserts médicaux et la nécessité de renforcer l’hôpital tout en prônant des mesures pour limiter l’accès aux soins des étrangers.
Lutter contre les déserts médicaux
- Création d’une bourse pour les étudiants en médecine. Ils devront en échange exercer durant 5 ans dans un désert médical.
- Augmentation d'un tiers du numerus clausus des carabins.
- Création de nouveaux métiers de santé pour soulager les médecins.
- Mesures incitatives pour favoriser la mise en place de vacations hebdomadaires de généralistes et spécialistes en zones sous-dotées.
- Transfert des compétences (pharmaciens, etc.).
- Ouverture d’un un nouvel établissement de santé par département.
- Hausse du tarif de la consultation des médecins généralistes à 35 euros.
Renforcer l’hôpital
- Ouverture de 20 000 lits.
- Supprimer la tarification à l’activité .
- Reprise par l’État de la totalité de la dette hospitalière.
- Accorder des primes au personnel hospitalier.
- Doubler le nombre d’unités de soins palliatifs.
- Rétablir une gouvernance paritaire
Renforcer la prévention
Reconstruire la médecine scolaire et campagnes d’information.
Favoriser l’autonomie des personnes âgées
Création de 20 000 postes en EHPAD par an et revalorisation des salaires
Lutter contre les fraudes avec la mise en place de cartes vitales biométriques
Réformer le secteur pharmaceutique
Délocalisation d’une partie de la production des médicaments en France
Limiter l’accès aux soins des étrangers
- Suppression de l’aide médicale d’État (AME) qui se verrait remplacer par une aide médicale exceptionnelle et provisoire.
- Il veut également instaurer des systèmes d’agrément stricts pour les médecins étrangers qui veulent s’installer en France.
Anne Hidalgo (Parti Socialiste)
La santé occupe une place importante dans le programme de la socialiste qui n’a pas hésité à faire le lancement de sa campagne sur ce thème. Décidée à mener une politique de santé publique fondée sur la prévention et la qualité de vie, elle souhaite “mettre en place un plan Marshall pour sauver l’hôpital public”.
Un plan Marshall pour l'hôpital
- Mettre fin à la tarification à l’activité.
- Stopper les fermetures de lits.
- Recruter massivement.
- Supprimer les ARS (les agences régionales de santé), considérées comme des « agences comptables » par la candidate, et développer la démocratie sanitaire au sein des hôpitaux, avec notamment l’intégration des citoyens aux conseils d’administration.
Mettre fin aux déserts médicaux
- Suppression totale du numerus clausus.
- Agrandissement des capacités d’accueil des facs.
- Création du statut de « médecins assistants ». La dernière année d’internat serait remplacée par une année de professionnalisation dans une zone sous-dotée en échange d’une rémunération augmentée.
- Reprise des permanences par les libéraux.
Faire de la prévention une priorité
Plus de moyens aux EHPAD
- Plus de personnel
- Valorisation des salaires
Focus sur la santé mentale
Contre la Grande Sécu
Ce système, qui laisse peu de place aux organismes complémentaires (OCAM), pourrait “tuer le mouvement mutualiste” et favoriser une déviation “vers une gestion comptable” de la santé.
Yannick Jadot (Europe Écologie Les Verts)
Il est l’un des seuls à aborder la question de la santé environnementale, et pour cela il a affirmé son ambition de renforcer une politique de prévention (et non de soins) avec la mise en place, s’il est élu, d’un grand ministère santé / environnement / alimentation ».
Mettre la prévention au centre de la politique de santé
Accent sur les maladies chroniques et l’alimentation
Plan d’urgence pour l’hôpital public
- Reprendre la dette des hôpitaux publics
- Embaucher 100 000 infirmiers et infirmières
- Hausse des salaires
- Financiation en fonction des besoins réels de la population et en réservant la tarification à l’activité (T2A) aux seuls actes techniques et programmables.
Fin des déserts médicaux
- Suppression du numerus clausus et augmentation des capacités d’accueil des universités de médecine
- Imposer la dernière année d’internat et les deux premières années d’activité dans une zone sous-dotée
Encadrer l’industrie du médicament
Méfiance envers la Grande Sécu
Le candidat n’a pas encore tranché sur le sujet, mais il se dit contre une étatisation complète du système de santé. « La légitimité du rôle des complémentaires et des mutuelles dans notre système de santé doit se reconstruire totalement sur la question de la prévention, de l’autonomie, et de l’accompagnement ».
La suite au prochain épisode...