Covid-19 : 2e vague, la noyade des soignants libéraux et hospitaliers.
Dans notre article « Quel après-confinement pour les soignants et les patients ? », nous avions dressé un bilan hypothétique qui, et nous le déplorons, n’était pas si loin du compte ; au contraire ! Médecins et infirmières libéraux, équipes de soignants du milieu hospitalier : tous font le constat alarmant de la mauvaise gestion de la première vague, et redoutent celle à venir. Face à la reprise de l’épidémie et à un personnel soignant plus excédé que jamais, nous revenons sur les informations à savoir.
C’est (encore) l’hécatombe !
Malgré le souhait du gouvernement de rassurer le grand public, les chiffres ne sont pas bons. Au moment de la rédaction de cet article, nous comptons près de 27 000 cas supplémentaires recensés, en 24h. A ce jour le nombre total de décès est estimé à 32 825, depuis le début de l’épidémie.
Globalement, la France a vu une baisse significative de son taux d’hospitalisation et de décès par rapport à son pic, début avril. En revanche, ce qui alerte la plupart des professionnels soignants réside dans la gestion des nouveaux cas qui affluent et augmentent chaque jour depuis quelques semaines, et le manque effarant de moyens mis à disposition.
Quid du Covid ?
C'est pourquoi, pour répondre à la détresse du milieu médical suite à la première vague, le Ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, a présenté les Conclusions du Ségur de la santé, le 21 juillet 2020, dont les médecins libéraux sont les grands oubliés. Elles regroupent 4 « piliers » visant à : « transformer et revaloriser » les métiers de soignant, définir un nouveau programme de financement « au service de la qualité de soin », « simplifier les organisations et le quotidien » des équipes et, enfin, « rassembler les acteurs de la santé ».
Ainsi, parmi les points phares de ces conclusions, pour lesquelles se seraient rassemblés 90 organisations syndicales et près de 118 500 télé-participants, la mise en place d’un budget de 8,2 milliards d’euros destiné à la revalorisation des métiers, le déblocage de 19 milliards d’euros d’investissement visant à améliorer le quotidien des soignants et la prise en charge des patients, ou encore 15 000 recrutements à l’hôpital public…
Ces grands nombres paraissent beaux, mais ne semblent pas se faire l’écho des plaintes du personnel soignant, pourtant honorés dans l’introduction de M. Véran (citation ci-dessous).
« Dans les hôpitaux, dans les Ehpad, dans les cabinets et au domicile des malades, des femmes et des hommes ont été en première ligne d’une crise sanitaire qui a très durement frappé la France. Nous leur devons tant. » Olivier Véran, Introduction des Conclusions du Ségur de la Santé
« Applaudir c’est bien, agir c’est mieux ! »
On s’étonne donc de ne voir aucune mesure concernant la mise à disposition de moyens de protection, vitaux pour un personnel au plus près du risque, et ce, en continu.
Pallier le manque d’infirmières et infirmiers sur le terrain est urgent. Surtout lorsque l’on sait, d’après les derniers chiffres, que 40% d’entre eux envisagent une reconversion. Augmenter le budget, revaloriser les salaires, faciliter et améliorer la prise en charge du patient… sont autant de mesures nécessaires ; cependant aucune de ces mesures n’apporte de réponse immédiate au problème pressant.
Ils ont défilé dans la rue, ont fait des banderoles, ont fait des appels via les différents réseaux sociaux. Depuis Mars, la toile est le théâtre d’une pièce dramatique où les acteurs sont habillés de sacs poubelles en guise de surblouse,où les masques FFP2, censés être changés toutes les 4 heures, sont portés 12 heures d’affilées, quand ils existent, et où les gants qui nettoient doivent aussi servir à soigner. Nous l’appelons théâtre, le Président l’avait, lui, désigné comme une guerre, et pourtant il ne fournit pas les munitions nécessaires à la victoire.
Les cabinets sont abandonnés
Il faut savoir que les médecins de secteur 1 de France pratiquent, à ce jour, les tarifs de consultation les plus bas d’Europe ; avec un tarif encadré et fixe à 25€ ou 28€, contre 45€ en moyenne dans l’UE.
Durant toute la période de 1ère vague, les médecins libéraux ont été le rempart, permettant de désengorger les hôpitaux, et traiter les patients au plus vite. Comme le dit le président de l’UFML, le Dr Jérôme Marty, dans son communiqué du 12 Octobre 2020, « puisque le mode de contamination par aérosol est prouvé, tous les soignants prenant en soin des patients COVID19, (…) doivent travailler en permanence en masques FFP2. » Une nécessité que le gouvernement n’avait déjà pas couverte de Mars à Août, forçant les médecins de ville à se procurer leurs propres protections. A ce jour, 46 d’entre eux seraient décédés des suites de leur exposition au virus.
Pour doubler le tort d’un affront, le 4 Octobre, alors qu’ils n’avaient obtenu gain de cause que deux mois auparavant, les médecins libéraux se sont vu retirer la dotation en matériel de protection de l’Etat.
Face à cette injustice, le syndicat UFML (Union Française pour une Médecine Libre) appelle les médecins à pratiquer les dépassements d’honoraires pour faire face aux coûts d’achat de protections et atteindre une rémunération juste.
Cette mesure vient en réponse à l’arrêt des dotations, mais aussi pour responsabiliser les acteurs des parcours de soin des patients, comme les assurances, qui se doivent de participer à l’effort généralisé.
La responsabilité de tous dans le soutien des soignants
Chez LML, nous avons toujours soutenu les professionnels de santé, pour une amélioration des conditions de leur pratique, et de meilleures conditions de prise en charge du patient.
Le gouvernement a une responsabilité envers le corps médical, qui a tenu la gestion de cette pandémie à bout de bras – et à bout de souffle. Les solutions sont simples, et pourtant, elles ne sont pas mises en place par qui de droit. Dont acte ; nous agirons.
Le 15 Octobre aura lieu une grande manifestation, menée par, et pour, les professionnels de santé de France ! Soyons présents, faisons-nous entendre, fédérons-nous autour de projets qui portent à nos soignants le respect qu’ils méritent.